Par essence, le journalisme est une profession nécessitant du professionnalisme. Cependant, au Togo cette valeur se meut en “professionmannisme”: Vendre la profession pour la manne.
C’est ce qui ressort de l’action du régime Faure Gnassingbé qui, par l’intermédiaire de son ancien ministre de la communication Pitang Tchalla, aujourd’hui nommé à la présidence de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), distribue la manne du Chef de l’État aux confrères journalistes.
Ladite manne d’une valeur de 400.000 FCFA par personne a été reçue par plusieurs confrères de metier, de la main propre du président de la HAAC à son domicile à Agoè dans la banlieue nord de Lomé la capitale.
Quelle honte, quel déshonneur de la part des confrères d’une part; nous sommes appelés à exercer la profession en toute dignité, servir là nation sans jamais céder à la corruption du genre selon les termes de l’article 6 du code de la déontologie de la presse togolaise: «Le journaliste dans l’exercice de ses professions doit refuser de l’argent ou tout autre»?
Aussi quel manque de respect envers notre corporation, quelle violation du code de déontologie du métier pour un ancien ministre de la communication et de surcroît, patron de la plus haute instance dirigeante et de réglementation de la Communication, et qui d’autre part connaissant parfaitement les textes régissant le domaine?
Cette action du pouvoir par le président de la HAAC constitue donc une violation premièrement, de l’article premier la Liberté de la Presse, car «La presse écrite et la communication audiovisuelle sont libres».
Deuxièmement, elle constitue une violation de l’article 1 de la Loi Organique de la HAAC qui stipule que «La HAAC est une institution indépendante vis-à-vis des autorités administratives, de tout pouvoir politique, de tout parti politique, de toute association, de tout groupe de pression».
Distribuer des billets de banque de la part du pouvoir en signe de présent aux journalistes par le président de la HAAC, prouve que cette institution tout comme plusieurs autres n’est et jamais n’a été indépendante.
Voilà le vrai visage des institutions dites indépendantes au Togo mais qui cachent leur assujettissement au régime Gnassingbé, qui corrompt les professionnels des médias pour un traitement des informations de faveur à son égard; et au refus ces derniers sont traqués, emprisonnés ou même éliminés pour des motifs forgés, et parfois inconnus. Seuls ceux à qui la chance sourit y échappent.
Heureusement aussi que toute la corporation n’a pas été infectée par ce virus de corruption et qu’il demeure des confrères intègres, fiers de leur gain, fidèles au professionnalisme et surtout disent NON, au “professionmannisme”.
Kangni Coco LOCOH.